mardi 16 juillet 2013

Jardins (2)



Jardins et impressions à Giverny

Sur la route des Ardennes — but de cette escapade estivale —

encore sous l'effet des mille et une sensations

des jardins de Chaumont-sur-Loire,

nous avons approché les bords de la Seine

vers d'autres sensations, d'autres impressions,

d'autres couleurs, d'autres jeux de lumières,

là où Claude Monet vécut sa passion pour les jardins…


C'est ici, pendant plus de quarante ans

que le magicien de Giverny a composé un paradis

afin de peindre ses fameux nénuphars

et bien d'autres beautés de la Nature…

Nous y voici avec l'été retrouvé, un été bien installé

— oubliés tous les frimas et les piqûres de l'hiver sans fin —

nous sommes aux portes d'un jardin extraordinaire… Allons…
                Les nénuphars

Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,

Neige montant du fond de leur azur,

Qui, sommeillant sur vos tiges humides,

Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ;

Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières

Pour vous laissez cueillir… et vivre après.

Nénuphars blancs, dormez sur vos rivières,

Je ne vous cueillerai jamais !

Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses,

Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?

Car pour rêver il faut être amoureuses,

Il faut avoir le cœur pris… ou jaloux ;

Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège,

Pour vous, rêver… c'est aspirer le frais !

Nénuphars blancs, dormez dans votre neige !

Je ne vous cueillerai jamais !
Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies

Dont la blancheur fait froid aux cœurs ardents,

Qui vous plongez dans vos eaux détiédies

Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs !

Restez cachés aux anses des rivières,

Dans les brouillards, sous les saules épais…

Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières !

Je ne vous cueillerai jamais ! 

                                           Jules Barbey d'Aurevilly (1807-1889)

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