Dans la montagne de Lure
Lure ! J’écoutais le son du mot, j’écoutais le mot tinter sur
l’écho du mur, et, aussitôt, la tête pleine d’herbages, le jeu recommençait.
Lure ! […]
J’écoute : Lure !
Je suis sur les aires, et c’est
un soir de vent. Je dresse ma blouse comme une voile et je navigue entre les
gerbiers. J’invente toute une odyssée avec des monstres, des ports aux bras
ouverts, de bonnes îles mamelues comme des nourrices. […]
Lure !
Me voilà hanté par ce mot. J’avais pris la canne de mon
père et je marchais du pas des pionniers. Je voulais sortir de ce trou d’herbes
où la ville ronronnait au chaud, me hausser sur le dos de chèvres des collines,
et voir… voir ce pays d’au-delà. Le ciel, là-bas, était pareil à de l’eau
claire.
Jean Giono « Le rêveur des montagnes »
Le prieuré de Ganagobie
Le site est magique
et son nom l'est tout autant, un nom à la consonance étrange
venu d'une autre planète ou d'un monde parallèle ! Le
prieuré est localisé entre Lurs
et Sisteron sur un plateau qui
domine la vallée de la Durance.
La route serpente sans se lasser parmi une forêt mixte de chênes verts et de pins d'Alep, elle grimpe
aussi avec la même ténacité jusqu'à atteindre son but.
Nous arrivons
là haut : tout est calme, la chaleur est accablante en ce début
d'après-midi et les rares visiteurs déjà présents attendent prudemment
la fin de leur pique-nique pour reprendre des forces et s'aventurer au
soleil.
Extrait du blog de Michel Carlué
La
lavande est l'âme de la Haute Provence (Jean Giono)
Qu'on l'aborde par la
Drôme, par le Dauphiné ou par le Var, cette terre offre ses étendues désertes,
couvertes de violet et de parfums. Dans les solitudes de la montagne de Lure,
la lavande sauvage s'étale à perte de vue...
Les couleurs du couchant sont des litières de fleurs
coupées. Il suffit ensuite d'un bouquet
de lavande pour qu'il vous soit parlé de ces libertés essentielles qui sont le charme de ces hautes terres. Fussiez-vous alors dans de lointaines Amériques, en Chine ou au Béloutchistan,
perdus dans des livres austères ou naufragés dans des drames personnels,
sociaux ou cosmiques, c'est la liberté, c'est la fraîcheur, le calme et la
grandeur de la Haute-Provence qui vous visitent, vous tirent brutalement vers
elles et vous animent.
Jean Giono, Provence,
Tu me donnes envie de relire "Un de Baumugne", un roman que j'avais découvert à l'adolescence. Merci JP pour cette petite madeleine.
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