Un certain art de vivre, de voir…
Laisse-moi
le temps, le temps.
Quand j’étais
petit garçon,
je
conservais un livre dans
lequel, de temps
à
autre,
je pressais
des fleurs jusqu’au
jour
où j’eus une
belle collection.
L’asphodèle, comme un présage, en faisait
partie.
Je t’apporte,
ressuscité, un souvenir
de ces fleurs.
Elles étaient
suaves quand je
les pressais
et conservaient
longtemps de leur
suavité.
C’est un
parfum curieux, un parfum
moral,
qui m’amène
auprès
de toi.
La couleur
disparut
la première.
Je dus
relever
un défi, ta chère
personne,
moi, simple
mortel, gorge de
lys à l’oiseau-mouche
!
Une
richesse infinie, pensai-je, me tendait
les bras.
Un millier
de thèmes dans une
fleur de pommier.
La terre,
en sa prodigalité, ne nous
refusait rien.
Le monde
entier devint mon
jardin ! […]
William Carlos Williams (1883-1966), Asphodèle
Poème sur le pouce
J'ai mangé les prunes
qui étaient dans le frigo
pour le petit déjeuner
pardonne-moi
elles étaient délicieuses
si sucrées et si fraîches
William Carlos Williams Juste un mot