lundi 23 novembre 2015

Belle-Isle-en-Mer (7) : Le Palais





Une longue histoire…


J'ai découvert ce panneau de bois coloré dans un dépôt-vente à Saint-Étienne en 1994. Il avait dû être abandonné là par un forézien parti sous d'autres cieux ou lassé de ne plus entendre la sirène des bateaux entrant dans le port. Allez savoir !


Amoureux de la Bretagne depuis l'année de mes vingt ans, je n'ai pas hésité une seconde et j'ai acheté le lot : le panneau peint et deux fauteuils bridge. Nantes, Paris, Nîmes et Saintes aujourd'hui, ils m'ont suivi… mais ont refusé de me rejoindre à Mayotte…

L'homme marin de Belle-Isle

Il a le corps fait comme nous,
Sa teste à la nostre est pareille,
Je l'ay veu jusques aux genous,
Sa voix a frappé mon oreille ;
Son bras d'escailles est couvert,
Son teint est blanc, son œil vert,
Sa chevelure est azurée ;
Il m'a regardé fixement,
Et sa contenance assurée
M'a donné de l'estonnement.

Un portail qui n'est qu'ébauché
Représente bien son visage ;
Sous du poil son sein est caché ;
Il a des mains le libre usage :
De la droite il empoigne un cor
Fait de nacre aussi rare qu'or,
Dont les chiens de mer il assemble
Je puis croire un Glauque (*)
aujourd'huy :

Bref, à nous si fort il ressemble,
Que j'ay pensé parler à luy.

De mainte branche de corail 
Qui croist sous l'eau comme
de l'herbe.
Et dont Neptune est libéral,
Il porte un pennache superbe ;
Vingt tours de perles d'Orient
Riches d'un lustre variant
En guise d'écharpe le ceignent ;
D'ambre son chef est parfumé,
Et, quoy que les ondes le creigent,
Il en est pourtant bien aymé.


Marc-Antoine de Saint-Amant
(1594 – 1661)


Le poète Saint-Amant passa plusieurs années à Belle-Isle chez le duc de Retz

(*) Le pêcheur Glaucos s'étant jeté dans la mer fut transformé en un dieu marin, doué d'une barbe verte et d'une abondante chevelure
(OVIDE, Métamorphoses, XIII).



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