Un
œil sur l'océan
Est-ce une île, un continent, un archipel ?
Est-ce une réalité ou un mirage surgi des brumes d'ouest ?
Est-ce sur ses fonds que se brassent les eaux de l'Atlantique et celles de la Manche ?
Est-ce une sentinelle veillant sur l'Europe ou un navire de haute mer ancré au large du Finistère en attente des vents portants pour voguer vers les Amériques ?
Ouessant : un nom terrible et doux à la fois. Un cauchemar et un espoir. Un nom qui unit le soleil couchant et le sang des hommes. Un nom qui marque la géographie comme le Mont Blanc celle de le chaîne des Alpes. Ici aussi, il faut escalader la falaise, haute de trente mètres, pour prendre pied sur les bruyères rases, les ajoncs, les herbes courtes et les murets de pierres sèches qui, par endroits, cloisonnent l'île, abritant des intempéries des petits moutons noirs, vigoureux et timides, qui paissent en toute liberté.
Ouessant, ce sont aussi les phares. Cinq comme les doigts d'une main : celle d'un dieu, protecteur des marins. Cinq phares qui peignent de leurs faisceaux rouges ou blancs les nuits obscures au fond desquelles se camouflent des récifs toujours prêts à mordre le bateau imprudent.
Le plus ancien, le Stiff (photo 3), quarante mètres de haut, est né en 1700 par la volonté de Vauban, sur une petite collines qui lui a, d'ailleurs, donné son nom. Il fonctionnait au charbon et à l'huile et possédait également, époque oblige, une vocation militaire face à l'envahisseur qui ne pouvait être que... l'Anglais ! Aujourd'hui, la portée de son feu atteint les vingt-quatre milles.
Daniel Yonnet
Terres de mer Éditions du Chêne
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