Du Port de Donnant…
à Port Goulphar
À treize milles de Quiberon, quatre cents milles de Vigo, dix milles de Houat, Belle-Île est un village à part baigné d'un océan bleu, plus intime et plus vaste qu'ailleurs.
Plus doux y est le sable, moins pressé d'en finir l'instant. Si la lumière est belle ? Interrogeons Monet, Derain, Gromaire, Matisse, Bazaine et bien d'autres qui vinrent y jouer du pinceau, envoûtés par cette lumière de paille aussi dorée qu'à Lisbonne à la croisée de l'Atlantique et du Tage.
Au sud-est, la Bretagne a du sang levantin. Pas d'oranges et pas d'oliviers, mais du jasmin, des tamaris, du mimosa, des lauriers, des figuiers, des camélias, de la vigne. Étonnant d'ailleurs, vallonnée comme elle l'est, que Belle-Île n'ait pas son petit gris du Morbihan ou son cuisse de nymphe émue, vin de soif au demeurant délicieux.
Belle-Île embaume, jolie fille au soleil, elle dort sur la mer comme une amoureuse allongée dans un champ de violettes.
La côte sauvage est défendue par des à-pics naturels de granit schisteux… Débordant Goulphar, les aiguilles de Port-Coton doivent leur nom aux envolées d'écume. Les jours de brise, il neige de bas en haut. En file indienne au milieu des flots enneigés, les aiguilles imitent une théorie de babouchkas saisie dans la pierre, de la plus grande à la benjamine, et se dandinent sans bouger vers l'Amérique…
Yann QUEFFÉLEC
Dictionnaire amoureux de la Bretagne
Nous voici pour deux semaines posés au bord la plage de Donnant, Au Bon Accueil, sur la Côte Sauvage, face au couchant…
À Donnant, le dialogue immuable du sable jaune orangé et de la houle furieuse peut alterner à tout moment terribles coups de boutoir et doux murmures. Ce soir les grondements succèdent au calme des premiers jours…
Belle-Île la bien nommée
J'ai glissé dans le sac de voyage un tee shirt vieux de vingt ans, acheté dans une boutique à Sauzon…
Sous sa douce maille, je sieste à l'abri dans l'Anse du Vazen, lors de notre première randonnée sur le sentier côtier entre Port de Donnant et Port Goulphar…
« Ô toi la bien nommée !
Je veux vivre sur tes rives embaumées
Je veux vivre sur tes rives embaumées
des parfums de l’océan…
Que les chants de tes flots
bercent nos rêves… »
D'après Éva Jouan
poétesse belliloise
Belle-île est magique, nous avions séjourné à nos vingt ans dans la Batterie de La Biche, petit fort face à la mer. A 40 ans, nous avions envie d'y acheter un petit hôtel qui était en vente mais un autre petit caillou est venu s'insérer dans les plis de notre chair vieillissante.
RépondreSupprimerMerci pour ces aiguilles qui tissent du lien entre l'Homme et la Beauté.