« Quand on est doué pour l'art de vivre, on est doué pour Venise»
déclare Philippe Sollers, un « incurable » du lieu.
Du premier au septième, elle fut la muse de tous les arts, s'offrant
dans la magie de sa lumière, se réfugiant dans l'ombre de ses palais,
s'exposant à nos désirs, nous renvoyant à nos fantasmes.
Venise… Son nom résonne comme une musique, à savourer le soir, à la
tombée de la nuit, dans ses ruelles vidées des vagues de la foule…
Aussi, chaque soir, nous avons quitté notre nid de la calle Frezzaria, à
la découverte des sensations nocturnes de la cité lacustre. Venise se sent,
se respire avec Amour, main dans la main, sous la Lune…
Pas un bruit, des bruissements
seulement, des chuchotements
seuls les gondoliers doucement
se racontent la journée écoulée
leurs rames déposées bruissent
à peine sur le côté du quai
d'un rio à une fondamenta
une nuit inconnue nous fait signe…
Nos pas vont, chaussés de brume
sur les ponts de pleine lune
sur le sentier noir de mystères
l'air se parfume du vent
des quatre saisons de Vivaldi
ou d'un ave dans le lointain
nous allons, nous flottons sans savoir
que nous sommes princes chaque soir…
Invisibles, nous allons nulle part
invisibles, nous voyons dans le noir
se dessiner les façades engourdies
percées de vitrines illuminées
et ornementées de verres colorés
surmontées de chapeaux en lambeaux
invisibles, nous glissons sur des dalles
de marbre usé, humide, ébréché…
Sous les cieux silencieux
les oiseaux sont endormis
et nous devinons des danseurs
masqués de feuilles mortes
accompagnés de fées de soie
vêtues de dentelles précieuses
surgissant des labyrinthes
des passages mystérieux et suspendus
au-dessus des canaux de silence nu…
jeanPaul Colomb
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