lundi 1 décembre 2014

Venise (9) : des églises, des églises…

La Salute

En Saintonge, il nous arrive de pousser de temps à autre la porte d'une église romane, pour y retrouver silence et sobriété. À Venise, les églises sont partout, elles rivalisent avec les palais et sont comme un appel vers la beauté. Munis du chorus pass, nous nous sommes glissés maintes fois dans ces salons de prière, ces églises innombrables où sommeillent de vrais trésors, avec nos préférées où nous sommes revenus plusieurs fois en huit jours…

Il y a celles de l'intérieur et celles de l'eau. Celles de l'eau surtout grâce à Palladio, célèbrent en douce le dieu marin grec exilé d'Athènes an cap Sounion : Poséidon (Neptune). Ce sont des temples flottants dédiés à la victoire sur la mort : Saint Georges, le Redentore… La Salute (photo 1) : c'est le 22 novembre 1630 que le Sénat de Venise décide de remercier la Vierge d'avoir arrêté l'épidémie de peste. Voici un octogone, idée de génie : les roues autour de la coupole et l'ensemble des corniches à statues… Deux coupoles, deux campaniles, mais l'église est ronde, elle tourne sur elle-même à l'intérieur, alors qu'à l'extérieur elle donne l'impression d'atterrir puissamment, comme le char céleste d'une divinité…
Philippe Sollers Dictionnaire amoureux de Venise Églises p. 209 à 227 


Santa Maria Gloriosa dei Frari

Chaque église est un musée en soi, un musée où l'on va voir et revoir une ou deux œuvres de Bellini, Tintoret, Véronèse…

Le cœur glorieux de la Sérénissime est là, au-dessus de l'autel de l'église des Frères Mineurs. L'Assomption rouge du Titien nous le dit d'emblée. Le tableau part dans tous les sens. Dieu (c'est à dire ce peintre) est assez fort pour nous tirer du mauvais pas de l'Histoire. Flamboiement des couleurs, splendeur du mouvement d'élévation vers le ciel, grâce et rythme des gestes, beauté des drapés… La Vierge est épanouie, gracieuse, bras ouverts, visage doux et serein, corps souple s'élevant en tournoyant dans un bain de lumière…

On raconte que Titien vint souvent revoir cette œuvre quand il manquait d'inspiration…

À droite du chœur, dans la sacristie, nous allons saluer la Vierge en majesté, avec l'enfant Jésus et les saints, retable en triptyque de Giovanni Bellini…

Jusqu'à la chiesa San Pietro di Castello et retour…

Pas une journée sans se glisser dans une chiesa ! Combien en huit jours ? Nous n'avons pas noté mais lors de notre journée loin de la Place Saint-Marc, pour rejoindre le quartier de l'Arsenal, nous avons poussé les portes de San Zulian, Santa Maria Formosa, San Zaccaria, Santa Maria della Visitazione, San Giovanni in Bragora, San Martino, San Giuseppe et enfin San Pietro di Castello (photo 3).

Puis, au retour, San Francesco della Vigna, Santa Maria dei Derelitti et enfin San Giovanni e Paolo ( ou San Zanipolo, contraction dialectale des prénoms Giovanni et Paolo). Dorénavant, appelez-moi Zanipolo, c'est beau ! J'aime ! 

Moment inoubliable, que cette pause suspendue, en fin de journée, suite à une véritable randonnée urbaine jusqu'à Isola San Pietro à la pointe orientale ! À l'entrée, le sacristain nous signifie que c'est chiuso mais nous laisse entrer…Dans une semi-obscurité, nous avançons dans l'immense nef (c'est la plus grande église de Venise !), longeons les tombeaux de vingt-cinq doges et de personnages célèbres (Sébastien Venier, par exemple, le vainqueur de Lépante où Cervantès a perdu son bras gauche !). Découvrons le polyptique de Saint Vincent Ferrier de Giovanni Bellini, des œuvres de Vivarini, Palma le Jeune, Bassano dans la sacristie, des toiles de Véronèse, Bellini dans la chapelle du Rosaire… Des églises, des églises… Oui, mais les églises de Venise !

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