dimanche 28 avril 2013

Escapade niçoise





Escapade : action de s'échapper d'un lieu


Partir du Palais de Palenne peu après l'aube
se rendre à la gare de Pons (prononcer pon !)
aller en TER jusqu'à la gare de Bordeaux Saint Jean
et sauter dans le train Corail de 10 h 47 pour Nice
prévoir un ou deux (gros) romans — penser au retour —
Eva dort de Francesca Melandri pour l'une
1Q84 Livre 1 Avril - Juin de Haruki Murakami pour l'autre

oublier la page, de temps à autre, poser le regard au dehors
les bourgeons éclatent dans les vignes et les bosquets
avril libère toutes les naissances dans la nature
et les camaïeux de vert défilent sous nos yeux
depuis les riches coteaux de Guyenne jusqu'à Agen
jouer à cache cache avec les eaux vives de la Garonne
et suivre en parallèle les bords du canal du Midi…

                                              Lecture en wagon

J'imagine deux voyageurs. Ils sont venus de loin, peut-être d'un autre continent.
Comme les indiens dans le compartiment voisin qui parlent sans arrêt au téléphone,
ou les jeunes Américaines. L'un des deux regarde l'Italie qui défile par la fenêtre à sa droite,
l'autre par celle qui est à sa gauche.

Ce sont deux mondes.

À la droite du train, le promontoire de Gaète pointe comme une tête mythologique de cétacé des eaux de la Méditerranée. Des plantations d'oliviers et d'agrumes, des champs jaunes, fuchsia et roux descendent en pente douce vers le scintillement de la mer.
Des couleurs d'abondance, généreuses, de vie plaisante.

À gauche en revanche, vers l'intérieur des terres, les montagnes défilent désolées et dures, farouches. Elles sont plus basses que nos glaciers, mais elles sont presque aussi intimidantes.
Les climats aussi sont différents. Dans la plaine et sur la mer brille la jeune lumière du printemps ;
à l'intérieur, les sommets sont au contraire enveloppés, de nuages sombres et lourds, engendrés, dirait-on, par les montagnes elles-mêmes.
Extrait de Eva dort de Francesca Melandri
D'un palais à l'autre

… laisser résonner derrière la vitre les noms de Toulouse Matabiau,
Carcassonne, Narbonne, Montpellier Saint Roch, Marseille Saint Charles
poursuivre vers Toulon, Draguignan les Arcs, Saint Raphaël Valescure, 
à l'heure du goûter frugal, le massif boisé des Maures est dépassé
les rouges de l'Estérel se jettent dans les flots d'azur de la mer retrouvée
nos regards s'irisent sur les vagues de Cannes, Antibes, Cagnes-sur-Mer
et nous posons le pied sur les quais de la gare de Nice ville à 19 h 47…

Stéphane est là pour nous conduire jusqu'au Palais Falicon à deux pas de la gare… Lola nous y rejoint le lendemain…

Depuis le troisième étage d'où je domine le carrefour,
    lorsque s'arrêtent ou s'élancent voitures et motocyclettes
                  je m'échappe vers l'horizon et les cimes qui déchiquettent
                  le ciel traversé par les hirondelles au-dessus des tours
   
  c'est sur tes bords où la mer sur les galets fait son bruit
  que demain j'irai ; là, ta Promenade, ô Nice, me délivre
des va-et-vient d'en bas par delà les ombres de la nuit
    me soulage des vains mots et m'offre la douceur de vivre



Eze : sur les pas de Nietzsche

… depuis le port de Nice, aller jusqu'à la gare de Eze sur Mer. De là, on peut rejoindre le village perché de Eze à pied par le sentier Friedrich Nietzsche. Paraît-il que c'est ici, sous les pins et les oliviers, que Nietzsche y a conçu la dernière partie de son œuvre Ainsi parlait Zarathoustra



MIDI

Et Zarathoustra courut sans s'arrêter et il ne trouva plus personne et ne cessait de se trouver lui-même et goûtait et aspirait sa solitude et pensait à de bonnes choses, — des heures durant. Mais vers l'heure de midi, comme le soleil était juste au-dessus de sa tête, Zarathoustra passa près d'un vieil arbre tout tordu et noueux, qui était tout enveloppé par l'amour abondant d'un cep de vigne et était ainsi caché à lui-même : il en pendait pour le voyageur des grappes, à foison. Alors il eut envie de guérir une petite soif et de cueillir une grappe ; mais comme il tendait déjà le bras, il eut encore envie de quelque chose de plus : à savoir s'étendre sous l'arbre, à l'heure de la plénitude de midi, et de dormir. 
Extrait de Ainsi parlait Zarathoustra de Frédéric Nietzsche
 
Retour en Haute Saintonge

Départ de Nice à 10 h 27
Arrivée à Pons à 22 h 02
Lecture en wagon (suite)…

— Vous êtes amie avec les papillons ?
— Pour se lier d'amitié avec des papillons, il faut avant tout que vous deveniez vous-même une part de la nature. Bannir toute apparence humaine, demeurer parfaitement immobile comme si vous étiez un arbre, une plante ou une fleur. Cela vous demande du temps, mais une fois que votre partenaire vous aura accordé son consentement, vous deviendrez tout naturellement de bons amis.
— Est-ce que vous donnez des noms à vos papillons ? Vous savez comme à un chien ou à un chat.
— Non, je ne leur donne pas de noms. Mais je peux les distinguer tous, par leur taille ou leur forme. Et puis, à quoi bon, car sitôt leur aurais-je attribué un nom qu'ils auraient disparu. Ce sont juste des amis éphémères et anonymes. Je viens ici chaque jour, je retrouve mes papillons, je les salue et je leur parle de toutes sortes de choses. Mais quand leur temps est venu, les papillons disparaissent en silence. Je me dis qu'ils sont morts, mais j'ai beau chercher, jamais je ne retrouve leur dépouille. Ils ne laissent aucune trace, comme s'ils étaient aspirés dans l'air. Les papillons, ce sont vraiment les êtres vivants les plus élégants et les plus éphémères. Ils naissent on ne sait où, leur quête est paisible, très limitée, et ils disparaissent on ne sait où, imperceptiblement. Probablement dans un autre monde.


Extrait de 1Q84 LIVRE 1 Avril - Juin de Haruki Murakami

mercredi 17 avril 2013

Avril ou le froid dépassé



Les cerisiers sont en fleurs…

… soudain, partout, autour, alentour, au dehors, là-bas…
comme des bouquets de mariée lancés depuis les tropiques 
mais incontestablement là, bien là ou de passage
les courants chauds venus du sud se faufilent et glissent
telle des caresses sur la peau nue, surprise, fragile

avec le retour d'avril, les laines se cachent, se défilent
les orteils jettent les chaussettes au fond des placards
les bras repoussent les manches au-delà des coudes frileux
les ouvertures du logis explosent avec la soif du dehors
vite sortons, sautons, courons, autour, alentour, au dehors…

jeanPaul

jeudi 11 avril 2013

Le Grand Pestac

Le nouveau spectacle jeune public de Syrano

Début mars, nous avons eu la primeur du nouveau spectacle de Syrano : une fable musicale et sociale de 8 à 128 ans ! Une suite de tableaux drôles et pertinents du grand cirque de la société !

En effet, Virginie — LA comédienne du groupe — est venue plusieurs fois en résidence à La Rochelle dans le cadre du programme Franco Éduc… à deux pas du Palais de Palenne !

Depuis, Syrano est parti en tournée avec sa troupe et ses musiciens pour présenter Le Grand Pestac. Allez, allez-y !

http://www.sudouest.fr/2013/03/09/sur-scene-avec-syrano-989124-1391.php

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.483285061726369.1073741825.237278852993659&type=1

lundi 8 avril 2013

Confiseur musical itinérant !



Un disquaire en résistance

Installé dans les Cévennes gardoises depuis 1981, Raymond fait plus que vendre des disques...

Sur les marchés, entre Gard et Ardèche, il partage des instants de pur bonheur avec tous ceux qui s'arrêtent à son stand...

« Le son et la musique sont très importants, les ondes sont une nourriture de l'âme.  Je m'imagine comme un confiseur voulant faire goûter de nouvelles saveurs. Et quel lieu idéal que le marché pour faire des rencontres, croiser des gens de passage et partager un petit moment musical...»

Raymond Colomb, face à la disparition des disquaires indépendants et l'uniformisation imposée par les grandes surfaces, estime jouer un rôle social en apportant la musique au cœur des villages...

«  Être disquaire résistant, c'est ne pas laisser croire que le support CD va mourir face au tout numérique et que les gens n'écoutent plus de musique... ».

Avec plus de quinze mille référence chez lui et environ trois mille CD proposés sur les marchés, Raymond remplit la mission qu'il s'est fixé. Sa grande force est d'aimer le contact...

Alors disquaire en résistance, oui, mais certainement pas disquaire solitaire !
 Extrait de Pleine Tête http://www.pleinetete.com/ n° 19 décembre 2012