jeudi 27 novembre 2014

Venise (8) : Basilica di San Marco

Saint Marc

     C'est quand même lui le grand personnage de Venise. Son corps est là, au fond de la basilique qui porte son nom. Son lion symbolique ailé, avec livre, est partout présent. « Pax tibi, Marce, Evangelista meus  ». 

     C'est le deuxième des quatre écrivains divins, Matthieu, Marc, Luc, Jean. Il naît probablement à Jérusalem, est converti par Pierre (qui l'appelle « mon fils » à la fin de sa première Épître), fonde l'Église d'Alexandrie, et meurt martyr en 67 en Égypte.

     Il semble être le même que Jean-Marc qui, d'après les Actes des Apôtres, accompagne à Chypre et dans l'Asie Mineure, Paul et Barnabé (dont il est le cousin). Après le martyr de Pierre, il prêche sa foi en Aquilée, dont il est le premier évêque.
     Aquilée est cette ville d'Italie, sur l'Adriatique, détruite par Attila en 452, et dont les habitants ont fondé Venise. Avant d'aller en Égypte, Marc est donc là. Ce qui autorise la légende comme quoi un ange, alors qu'il passait dans la lagune, lui aurait adressé les paroles fondamentales (« Que la paix soit avec toi, Marc, mon évangéliste »), annonçant par là le lieu de son repos éternel. Son trajet est ainsi Jérusalem-Venise virtuelle-Alexandrie-Venise. Le vol de sa dépouille en Égypte n'est par conséquent que la réalisation de la prédiction divine. Ce transfert a lieu en 828, et il est l'exploit de deux marchands vénitiens, Rustico et Buono, qui ramènent en barque les restes de Marc cachés dans de la viande de porc pour échapper aux contrôles musulmans.

Le corps d'un saint chrétien relié pur porc afin de ne pas être touché ou détruit par des intégristes islamiques, voilà du grand humour catholique. Un détail de la Pala d'Oro ( photo 2, le retable d'Or) montre ces navigateurs avisés.
     Venise saisit là l'occasion de substituer Marc à Théodore, ancien patron de la ville (c'est lui qu'on voit sur la colonne de droite de la Piazzetta en regardant San Giorgio — d'où est pris le cliché 3 —, debout, terrassant un dragon crocodile). La Sérénissime s'affranchit ainsi de Byzance et affirme sa suprématie…

Philippe Sollers Dictionnaire amoureux de Venise Marc, saint p. 307 à 311 / Plon 2004





dimanche 23 novembre 2014

Venise (7) : le sestiere de Castello


Une journée dans le quartier de l'Arsenal

     Sur les cartes, Venise prend la forme d'un poisson, dont le sestiere de Castello serait la queue. Castello, c'est le plus vaste et le plus composite des sestiere de la ville. C'est aussi et avant tout le quartier de l'Arsenal (de l'arabe dar essenah : la maison des arts mécaniques). Retranché derrière ses hautes tours, l'Arsenal y forme comme une Cité interdite.

     C'est ici, en 1104, que va naître ce qui va devenir le plus grand complexe de constructions navales d'Europe et permettre à Venise de devenir la Dominante. Au XIVsiècle, l'Arsenal était une entreprise industrielle gigantesque comptant jusqu'à  16 000 ouvriers pouvant produire un bateau par jour.

     On construisit ainsi des centaines de navires marchands et des bateaux de guerre pour résister aux invasions. Cette puissance navale va permettre à Venise de dominer les mers, de donner des empereurs à Constantinople, des rois à Chypre, des princes à la Dalmatie, au Péloponnèse, à la Crète ; Venise république au milieu de l'Europe féodale sert de bouclier à la chrétienté et va abattre le croissant turc à Lépante (en 1571) ; Venise terrasse l'Orient ou lui achète ses parfums ! La puissance de l'Arsenal était telle que les doges le nationalisèrent à la fin du XIIsiècle (première nationalisation connue !).



Pas de Paradis sans Enfer

     La beauté et la richesse stupéfiantes de Venise à travers les siècles comportent deux monstruosité, l'une matérielle, l'autre spirituelle.
La spirituelle : le ghetto (mot vénitien). La matérielle : l'Arsenal, c'est-à-dire la puissance des armes et du commerce, la maîtrise des mers.

     Au début du XIVsiècle l'Arsenal de Venise est en pleine activité, et c'est probablement une des visions les plus violentes de l'Histoire. Ainsi en juge Dante, en tout cas, puisqu'il l'introduit dans son chant 21 de l'Enfer, dans sa Divine Comédie. Dante parle d'un endroit de feu et de travail permanent, où la « poix tenace » sert à calfater les navires avariés et qui ne peuvent plus naviguer, où on on sent l'« étoupe », où l'on « radoube » sans arrêt les proues et les poupes. L'un fait des rames et des avirons, l'autre tord des câbles d'artimon et de misaine ou rapièce des voiles. Grande activité « infernale », donc, construction navale des galères, que Dante prend comme une image d'un châtiment divin administré dans l'au-delà, par des diables harponneurs à des damnés plongés dans une énorme cuve bouillonnante et poisseuse.
     
     Nous sommes au début du capitalisme, désormais planétaire. Grandeur sombre, en hiver, de l'Arsenal de Venise. Dante l'a vu, et s'en est aussitôt servi comme métaphore d'un supplice atroce et non sans humour. L'inscription des vers de l'Enfer se lit encore aujourd'hui à l'entrée du lieu. Le feu constant, les bateaux, la puissance et la gloire : la ville est fière d'avoir pu servir à figurer dans la diablerie. Du Diable à Dieu, de la poix à l'or : la machine moderne est en route.

     Les ouvriers de l'Arsenal, les Arsenalotti, sont, très tôt une élite d'artisans, une aristocratie du travail prestigieuse et privilégiée. Ce sont des diables bien rétribués, à la fois constructeurs, pompiers (ils connaissent le feu comme personne), gardes d'honneur, soldats et marins. On les paye bien, on les loge gratuitement ou à loyer modéré : la République connaît la musique.

     En 1571, lors de la grande bataille de Lépante contre les Turcs, la moitié des navires chrétiens de la Sainte Ligue sortent des chantiers vénitiens. La punition viendra en 1797 avec Bonaparte qui détruit l'Arsenal et livre la ville à l'Autriche. De là date la « mauvaise histoire » de la ville, XIXe siècle étant son enfer.

Philippe Sollers Dictionnaire amoureux de Venise Arsenal p. 64 à 67 / Plon 2004


Un petit goût de vie à la vénitienne…

      Loin des hordes de touristes du Rialto et de la Place Saint-Marc, nous avons cheminé jusqu'à la via Garibaldi, l'artère la plus large de Venise. Nous avons flâné dans ce quartier paisible de la Sérénissime, avec ses ruelles désertes mais décorées de guirlandes de linge frais, ses petits commerces, ses placettes, ses grands jardins…

     À la Trattoria Alla Rampa, fréquentée par les descendants des anciens ouvriers de l'Arsenal, nous avons dégusté les spaghetti con seppia (spaghetti à l'encre de seiche) et le fegato (foie de veau à la vénitienne) servi avec l'incontournable polenta, avec un bon vin de la casa

     Ce jour-là, bien sûr, nous avons poussé la porte de plusieurs églises (il faudra y consacrer une page entière aux églises de Venise !). Nous avons également découvert le caffè corretto (café corrigé, c'est à dire arrosé d'un peu de grappa). Puis nous avons fait nos courses dans les Coop de quartier : baccala mantecato (spécialité vénitienne à base de morue), mozarella au lait de bufflonne, ricotta au lait de brebis ou de chèvre… fendu la foule de la Place Saint-Marc avant d'aller dîner chez nous, calle Frezzaria… 

jeudi 20 novembre 2014

Venise (6) : la Fenice et le Florian


Concert à la Fenice

Nous avons posé nos valises pour huit jours calle Frezzaria, rue située entre la piazza San Marco et le teatro la Fenice. Dès le premier soir, nos pas nous ont conduits vers ce théâtre mythique. Le phénix, symbole de ce haut lieu de l'art lyrique, est cet oiseau mythologique qui renaît de ses cendres, comme ce fut le cas, par deux fois (incendies en 1835 et 1996), pour le théâtre lui-même.

Ce lundi 27 octobre, un concert nous est proposé. Et nous voici divinement installés dans le velours rouge, afin d'apprécier l'ensemble Quartetto Gringolts  avec Filippo Gamba au piano. Près de deux heures en compagnie des notes de Franz Schubert (Quartetto archi n. 15 in sol maggiore D 887 Op. 161) et Johannes Brahms (Quintetto con pianoforte in fa minore Op. 34)…

Un verre au Florian

Sous les arcades de la place Saint-Marc, le Florian (fondé en 1720 sous le nom À la Venise triomphante. Florian est le prénom de son premier propriétaire, Florian Francesconi) est le caffè vénitien mythique par excellence. Dans la journée, les touristes s'y bousculent, et en terrasse un orchestre joue en boucle quelques classiques à côté des pigeons indifférents.

Aussi, c'est en fin de soirée  que nous allons nous installer (encore sur du velours rouge !) dans un petit salon du XVIIIe aux murs tapissés d'œuvres du même siècle. Le fin du fin : c'est sur un plateau argenté que le serveur en queue de pie, nous apporte un délice au chocolat et un verre de marsalla all'uovo (marsalla aux œufs) posés sur un guéridon en marbre…


Le Florian est à la fois une Bourse, un foyer de théâtre, un cabinet de lecture, un club, un confessionnal, et convient si bien à la multiplicité des affaires du pays que certaines femmes ignorent complètement le genre d'occupation de leur mari, car s'ils ont une lettre à faire, ils vont l'écrire à ce café.

Honoré de Balzac in Massimilia Doni

vendredi 14 novembre 2014

Venise (5) : les gondoles



Promenade au fil de l'eau

Ma gondole suivait les petits canaux ; comme la main mystérieuse d'un génie qui m'aurait conduit dans les détours de cette ville d'Orient, ils semblaient, au fur et à mesure que j'avançais, me pratiquer un chemin, creusé en plein cœur d'un quartier qu'ils divisaient en écartant à peine, d'un mince sillon arbitrairement tracé, les hautes maisons aux petites fenêtres mauresques ; et comme si le guide magique eût tenu une bougie entre ses doigts et m'eût éclairé au passage, ils faisaient briller devant eux un rayon de soleil à qui ils frayaient sa route.

On sentait qu'entre les pauvres demeures que le petit canal venait de séparer, et qui eussent sans cela formé un tout compact, aucune place n'avait été réservée. De sorte que le campanile de l'église ou les treilles des jardins surplombaient
à pic le rio, comme dans une ville inondée. Mais, pour les églises comme pour les jardins, grâce à la même transposition que dans le Grand Canal, la mer se prêtait si bien à faire la fonction de voie de communication, de rue, grande ou petite, que, de chaque côté du canaletto, les églises montaient de l'eau en ce vieux quartier populeux et pauvre, devenues des paroisses humbles et fréquentées, portant sur elles le cachet de leur nécessité, de la fréquentation de nombreuses petites gens ; que les jardins traversés par la percée du canal laissaient traîner jusque dans l'eau leurs feuilles ou leurs fruits étonnés, et que sur le rebord de la maison dont le grès grossièrement fendu était encore rugueux comme s'il venait d'être brusquement scié, des gamins surpris et gardant leur équilibre laissaient pendre à pic leurs jambes bien d'aplomb, à la façon des matelots assis sur un pont mobile dont les deux moitiés viennent de s'écarter et ont permis à la mer de passer entre elles.
Parfois apparaissait un monument plus beau, qui se trouvait là comme une surprise dans une boîte que nous viendrions d'ouvrir, un petit temple d'ivoire avec ses ordres corinthiens et sa statue allégorique au fronton, un peu dépaysé parmi les choses usuelles au milieu desquelles il traînait, car nous avions beau lui faire de la place, le péristyle que lui réservait le canal gardait l'air d'un quai de débarquement pour maraîchers.

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu

En mai 1900, Marcel Proust s'est rendu à Venise avec sa mère, pour un séjour de deux mois.


Aujourd'hui, les gondoles sont prises d'assaut par les touristes Chinois, Japonais… Et parfois, au détour d'un pont, surgissent de belles voix de ténor…

lundi 10 novembre 2014

Venise (4) : Galleria dell'Accademia

La Tempête de Giorgione

Le tableau a lieu maintenant, pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps, comme toute la ville, la Sérénissime, le fait constamment. C'est sa vocation, sa grandeur, son calme.
J'écoute, je commence à voir. À droite, une femme aux trois quarts nue, un boléro blanc sur les épaules, assise sur un drap froissé en pleine nature, allaite un enfant avec son sein gauche. Elle vous regarde. Elle en a vu d'autres, elle en verra d'autres. Vous êtes obligé d'être cet enfant. La femme est très belle, jeune, éternelle, cheveux blond vénitien, rassemblée sur elle-même malgré ses cuisses écartées, très attentive, protectrice, un peu inquiète. À gauche, sur une autre scène, séparé de la femme à l'enfant par une rivière en ravin, un homme désinvolte et jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui, tourne la tête vers le petit théâtre d'allaitement. Est-ce un père ? Un fils ? Un passant ? Il a l'air très content, détaché, il pose. Il se souvient, aussi. Ce bébé, c'était lui dans une autre vie. Ou bien ce sera lui, et puis lui encore.
Où cela a-t-il lieu ? Aux environs d'une ville, une ville sous l'orage, dans un ciel gris-bleu. Un éclair déchire le fond de la toile et accentue la brisure entre entre la femme à l'enfant et l'homme contemplatif. Sur terre, une rivière les sépare, ils ne sont pas dans le même temps. Ce tableau, plein d'une sérénité mystérieuse, est menacé par une rafale
à venir. Il s'appelle La Tempête, mais il s'agit d'une étrange tempête à l'écart. Là-bas, en ville, la luxure est à son comble, comme à Venise, par tous les temps. Giorgione sait de quoi il parle. Mais, ici, ordre et beauté. Silence.

Le temps, ensuite, fait son œuvre de destruction, comme le prouve, du même pinceau, le tableau qui se trouve juste à côté de La Tempête : La Vecchia, la « vieille ». C'est la même femme, cinquante ou soixante ans plus tard. Même regard, même intensité traversant les siècles, mais lisez l'étiquette qui remplace l'enfant au sein : COL TEMPO, avec le temps. L'hiver de la dégradation est venu, mais une autre femme, la même, jeune et tranquille, est déjà en train de reprendre le rôle dans les bosquets. Et ainsi de suite. L'homme, lui, le peintre, s'est éclipsé, mais il va revenir, toujours au même âge, c'est la loi des éclairs, des saisons, du désir de fond.
Venise, ville faussement ouverte, cité hermétique. On y va, et, si on comprend, on ne s'en va pas (…).

Philippe Sollers Dictionnaire amoureux de Venise Accademia p. 23 / Plon 2004

Bien entendu, à l'Académie, il y a tous les autres peintres : Bellini (Giovanni et Gentile), Tintoret, Lotto, Véronèse, Tiepolo, Carpaccio…



mercredi 5 novembre 2014

Venise (3) : le Grand Canal

Venise, 28 septembre, au soir.

    Il était donc écrit, à ma page, dans le livre du destin, que l’an 1786, le 28 septembre au soir, à cinq heures, selon nos horloges, je verrais Venise pour la première fois, en débouchant de la Brenta dans les lagunes, et que, bientôt après, je poserais le pied dans cette merveilleuse ville insulaire, dans cette république de castors. Ainsi donc, Dieu soit loué ! Venise n’est plus pour moi un simple mot, un vain nom, qui m’a tourmenté souvent, moi, l’ennemi mortel des paroles vides.
Quand la première gondole s’est approchée du coche (elles viennent recevoir les passagers qui désirent arriver plus vite à Venise), je me suis rappelé un jouet de mon enfance, auquel je n’avais pas songé peut-être depuis vingt ans. Mon père possédait
un joli modèle de gondole, qu’il avait rapporté d’Italie ; il y attachait beaucoup de prix, il crut me faire une grande faveur,de tôle brillante, les cages noires des gondoles, tout m’a salué comme une vieille connaissance : j’ai senti une aimable impression d’enfance, qui m’avait fui longtemps.
    On a déjà conté et publié beaucoup de choses sur Venise, et je ne m’attacherai pas à la décrire en détail. Je dirai seulement mes impressions personnelles. Mais ce qui me frappe avant tout le reste, c’est encore le peuple, c’est cette masse d’êtres vivants rassemblés par la nécessité et la contrainte. Ce n’est pas pour son plaisir que cette race s’est réfugiée dans ces îles ; ce ne fut point le caprice qui poussa ceux qui la suivirent à se réunir avec elle : la nécessité les instruisit à chercher leur sûreté dans la situation qui offrait le moins d’avantages et qui en présenta de si grands dans la suite et les civilisa, quand le Nord tout entier

était encore plongé dans les ténèbres. La conséquence nécessaire fut qu’ils se multiplièrent et s’enrichirent. Alors les habitations surgirent et se pressèrent de plus en plus ; le sable et le marais firent place aux rochers ; les maisons cherchaient l’air : comme les arbres qui sont enfermés, elles s’efforçaient de gagner en hauteur ce qui leur manquait en largeur. Avares de chaque pouce de terrain, et, dès l’origine, resserrés dans un étroit espace, ils ne laissèrent pas pour les rues plus de place qu’il n’était nécessaire pour séparer une rangée de maisons de celles de vis-à-vis et pour ménager aux habitants d’étroits passages. Du reste, l’eau leur tenait lieu de rues, de places et de promenades. Le Vénitien dut devenir un être d’une nouvelle espèce, tout comme Venise ne se peut non plus comparer qu’à elle-même. Le Grand Canal, qui serpente à travers, ne le cède à aucune rue

du monde ; on ne peut rien mettre en parallèle avec l’espace qui s’étend devant la place Saint-Marc : je veux parler de ce grand miroir liquide, qui est enveloppé de ce côté, en forme de croissant, par la véritable Venise.

   Je trouvai sans peine le Grand Canal et le Rialto : il consiste en une seule arche de marbre blanc. De ce point élevé, la vue est grande ; le canal, semé, peuplé de bateaux, qui apportent de la terre ferme toutes les choses nécessaires, abordent et se déchargent surtout à cette place ; parmi les bateaux, les gondoles fourmillent… Les deux parties principales de Venise, que le Grand Canal sépare, ne sont liées ensemble que par le pont du Rialto ; mais on a multiplié les communications au moyen de barques publiques qui traversent à des points déterminés (…).

Johann Wolfgang von Goethe  Voyage en Italie De Vérone à Venise