jeudi 29 octobre 2015

Belle-Isle-en-Mer (4) : depuis Locmaria




Locmaria : l'église Notre-dame-de-l'Assomption

La plus ancienne église de l'île…

On raconte qu'en 1674, les Hollandais abattirent le bel orme qui tenait compagnie à l'église, afin d'en faire un mât.

N'appréciant visiblement pas la plaisanterie, la Vierge le fit se tordre en tombant, ce qui le rendit inutilisable !



De Port Andro à Samzun

Nous quittons la Côte sauvage pour la côte nord, face au continent…

Se succèdent des plages, des criques toutes plus belles les unes que les autres…

Plages de Port Andro, Les Galères, de Kerdonis, de la Biche…


Près de la Pointe de Kerdonis

Ressemblance étrange, troublante avec les Aiguilles de Port Coton !

Retour par l'intérieur et nous traversons le hameau de Kerouarh !

Saviez-vous que Jack Kerouac, de son vrai nom Jacques Lebris de Kerouac; l'auteur de Sur la route était issu d'une famille bretonne partie s'installer au Canada ?

mardi 27 octobre 2015

Belle-Isle-en-Mer (3) : la plage de Donnant



Cette nuit, il pleuvait,
la marée était haute

Cette nuit, il pleuvait,
la marée était haute,
Un brouillard lourd et gris
couvrait toute la côte,
Les brisants aboyaient
comme des chiens, le flot
Aux pleurs du ciel profond
joignait son noir sanglot,
L'infini secouait et mêlait
dans son urne
Les sombres tournoiements
de l'abîme nocturne ;
Les bouches de la nuit
semblaient rugir dans l'air.


J'entendais le canon d'alarme
sur la mer.
Des marins en détresse
appelaient à leur aide.
Dans l'ombre où la rafale
aux rafales succède,
Sans pilote, sans mât,
sans ancre, sans abri,
Quelque vaisseau perdu
jetait son dernier cri.
Je sortis. Une vieille,
en passant effarée,
Me dit : « Il a péri ;
c'est un chasse-marée. »


Je courus à la grève
et ne vis qu'un linceul
De brouillard et de nuit,
et l'horreur, et moi seul ;

Et la vague,
dressant sa tête sur l'abîme,
Comme pour éloigner
un témoin de son crime,
Furieuse,
se mit à hurler après moi.

Qu'es-tu donc, Dieu jaloux,
Dieu d'épreuve et d'effroi,
Dieu des écroulements,
des gouffres, des orages,


Que tu n'es pas content
de tant de grands naufrages,
Qu'après tant de puissants
et de forts engloutis,

Il te reste du temps encor
pour les petits,
Que sur les moindres fronts
ton bras laisse sa marque,

Et qu'après cette France,

il te faut cette barque !

Victor HUGO
Les châtiments (1853)

dimanche 25 octobre 2015

Belle-Isle-en-Mer (2) : vers l'Apothicairerie


De la plage de Donnant à
la grotte de l'Apothicairerie

Côte sauvage toujours… Port de Donnant, Port Skeuf, Porth Puns, Porth Lezonet, Port de Kerlédan, Port de Borderun…

Un peu plus loin vers le nord, l'Apothicairerie. La grotte fameuse est évidemment l'œuvre de la mer. Elle est dorénavant fermée au public, s'étant comportée en fauve lunatique envers ses admirateurs. Un panneau planté sur la falaise à l'entrée du sentier muré donne la liste des victimes et déclare : DANGER. Elle n'est pas close. Les gens désobéissent. Et moi donc.

C'est le soir qu'il faut y descendre en catimini, à l'heure hugolienne des lions assoiffés. La grotte, long tunnel courbe ouvert aux deux extrémités, regarde ainsi vers deux horizons. Le vent tombe, il fait doux, la mer est une pâte mauve rayée d'ébène. Ne nous montrons pas. Les vagues affluent sous la voûte, elles s'ébrouent, s'étirent, elles font leur toilette du soir, se pourlèchent, miaulent, rêvassent.

« J’ai un petit creux, dit l'une, pas vous, les filles ?
— Une dalle monstre ! dit l'autre. Si je tenais l'abruti qui nous a collé ce panneau DANGER sur la falaise ! »
L'Apothicairerie ne se caractérisait pas jadis par une pharmacie clandestine où l'on disséquait les crapauds et les fées, mais par une bicoque rose à la façade indistincte-ment mauresque ou califor-nienne, évoquant assez bien le terminus d'un chemin de fer jamais tracé, imaginé pour relier la côte sauvage à la ville d'Ys… Une auberge du bout du monde tenu par les trois sœurs Maillard.
Ruine lugubre, effritée, délabrée, chapeautée d'un toit branlant, au centre d'une cour pelée qui n'a jamais eu la prétention d'accueillir des massifs de fleurs ni de dis-puter aux bruyères la primeur de l'ouragan, l'Apothicairerie vous serre le cœur.
Aujourd'hui, l'hôtel a disparu, mais il n'a pas dit son secret. Ses habitués non plus. Que venaient-ils chercher en cette auberge épouvantable, au-dessus des grottes interdites et des roches percées qui s'effondrent les soirs de lune ? Le luxe barbare de la bonne franquette. Le philtre des apothicaires. Le charisme diabolique de trois logeuses un peu brindezingues dont l'une faisait les comptes, dont l'autre assurait l'intendance, et dont la doyenne, une poupée grise hors d'âge, triturait un large billet de banque périmé.
Ces trois incarnations membraneuses, ces trois larves d'Halloween qui jetaient l'effroi dans le sommeil des enfants régnaient pourtant sur la meilleure table de Belle-Île…
Yann QUEFFÉLEC
Dictionnaire amoureux de la Bretagne

mercredi 21 octobre 2015

Belle-Isle-en-Mer (1) : Port Coton & Port Goulphar



Du Port de Donnant…
à Port Goulphar

À treize milles de Quiberon, quatre cents milles de Vigo, dix milles de Houat, Belle-Île est un village à part baigné d'un océan bleu, plus intime et plus vaste qu'ailleurs.


Plus doux y est le sable, moins pressé d'en finir l'instant. Si la lumière est belle ? Interrogeons Monet, Derain, Gromaire, Matisse, Bazaine et bien d'autres qui vinrent y jouer du pinceau, envoûtés par cette lumière de paille aussi dorée qu'à Lisbonne à la croisée de l'Atlantique et du Tage.




Au sud-est, la Bretagne a du sang levantin. Pas d'oranges et pas d'oliviers, mais du jasmin, des tamaris, du mimosa, des lauriers, des figuiers, des camélias, de la vigne. Étonnant d'ailleurs, vallonnée comme elle l'est, que Belle-Île n'ait pas son petit gris du Morbihan ou son cuisse de nymphe émue, vin de soif au demeurant délicieux.

Belle-Île embaume, jolie fille au soleil, elle dort sur la mer comme une amoureuse allongée dans un champ de violettes.

La côte sauvage est défendue par des à-pics naturels de granit schisteux… Débordant Goulphar, les aiguilles de Port-Coton doivent leur nom aux envolées d'écume. Les jours de brise, il neige de bas en haut. En file indienne au milieu des flots enneigés, les aiguilles imitent une théorie de babouchkas saisie dans la pierre, de la plus grande à la benjamine, et se dandinent sans bouger vers l'Amérique…

Yann QUEFFÉLEC
Dictionnaire amoureux de la Bretagne

Nous voici pour deux semaines posés au bord la plage de Donnant, Au Bon Accueil, sur la Côte Sauvage, face au couchant…

À Donnant, le dialogue immuable du sable jaune orangé et de la houle furieuse peut alterner à tout moment terribles coups de boutoir et doux murmures. Ce soir les grondements succèdent au calme des premiers jours…

Belle-Île la bien nommée

J'ai glissé dans le sac de voyage un tee shirt vieux de vingt ans, acheté dans une boutique à Sauzon…


Sous sa douce maille, je sieste à l'abri dans l'Anse du Vazen, lors de notre première randonnée sur le sentier côtier entre Port de Donnant et Port Goulphar…


« Ô toi la bien nommée !
Je veux vivre sur tes rives embaumées
des parfums de l’océan…
Que les chants de tes flots
bercent nos rêves… »

D'après Éva Jouan
poétesse belliloise

mardi 20 octobre 2015

Dix-huitième Rendez-vous de l'histoire à Blois


LES EMPIRES

La thématique des Empires recouvre à peu près toute l'histoire de l'humanité. Elle porte, d'âge en âge, les dynamismes de la force inlassablement imposée aux peuples et aux nations.

Elle évoque Alexandre et Charlemagne, Gengis Khan et Hitler, Tamerlan et Napoléon, les Égyptiens et les Incas, la Chine et la Perse, les Turcs et les Habsbourg, Byzance et Rome, les Abbassides et les Aztèques, l'URSS et les États-Unis, tant d'autres encore… y compris les multiples avatars des dominations coloniales et financières.

Parmi cette profusion, il est des Empires qui ne durent, éphémères que le temps du conquérant et d'autres que parviennent à perpétuer de longues dynasties et de puissantes administrations.
Certains sont d'abord continentaux, d'autres tissent leur toile à travers les mers. Les formes de l'imperium sont multiples, entre politique et commerce, entre intégration rigoureuse et organisations des diversités — préservées, souvent, même sous le joug.

Durant quatre jours, plutôt que de bâtir une typologie, il s'agit d'aller scruter les ressorts de l'installation et de la pérennité des Empires, où les dimensions économique, religieuse, culturelle, langagière, comptent autant que la soif brute de pouvoir individuel et d'oppression collective. Et puisque « Tout empire périra » (selon la formule de Durosselle), il nous faudra tâcher de comprendre de quoi se nourrit la fatalité d'une désagrégation qui n'a jamais connu d'exception…
Jean-Noël JEANNENEY,
Président du Conseil scientifique
des Rendez-vous de l'histoire

dimanche 4 octobre 2015

À bicyclette au bord de l'océan…






De Saint-Palais-sur -Mer…

Quand on arrive à partir

c'est encore un peu le matin
avec les vélos dans le coffre
on désire prolonger l'été…

Cap à l’ouest vers l’océan
on se pose à la Grande Côte
et en avant les petites reines
dans la Forêt des Combots.




… à la pointe de la Coubre…

On pédale face à la brise
y a Pascal sur son super
vélo parisien très élégant
la musette sur le devant…

L’été paresse en septembre
sous le soleil doux et tendre
nous dépassons la Palmyre
longeons Bonne Anse
et siestons face au phare.





Et c'est reparti…

Quand on repart ce matin
de peu avant midi
avec les vélos dans le coffre
c’est toujours le bel été…

Cap à l’ouest vers l’océan…
on se pose à la Grande Côte
et en avant les petites reines
dans la Forêt des Combots…


… pour un tour !

On pédale face à la brise
y a Malou sur son super
et beau vélo noir et vert
la casquette sur le devant…

L’été paresse en septembre
sous le soleil caressant
nous dépassons la Palmyre
grignotons face au large
et siestons dans les dunes.

Les prolongations…

Quand on repart ce matin
c’est l’automne au calendrier
mais l'été est toujours là
et les vélos sont à nouveau
prêts pour les prolongations…

C’est depuis Bonne Anse
que nous démarrons 
cap au nord cette fois-ci
jusqu’à la Pointe Espagnole
Retour léger, tout léger 
poussés par le vent
dans le couchant
de cet éternel été…