samedi 30 janvier 2016

Quand la Charente déborde…









Miroir de Charente…


L’eau, jusqu’à là dormante

Précipite son cours,

Et répand ses effluves

En un parfum violent

Qui arrive par vagues.




L’eau, dans tous ses remous

Épanche sous le pont

Ses tous derniers relents,

Expurge de son flot

Cette odeur de vase

Et déferle mordante

Dans les berges saumâtres.




L’eau griffe les cailloux

Et gronde tout alentour,

Elle chante purifiée,

Palpite comme un cœur.


Jean-Pierre Crétel





mercredi 20 janvier 2016

Madère (5) : la pointe Saint-Laurent


Dernière rando,
depuis Machico

Quelle étrange presqu'île que cette Ponta de São Lorenço ! Elle nous rappelle la côte sauvage de Belle-Île avec ses Aiguilles de Port Coton !

Autrefois, les paysans de Caniçal tout proche y faisaient paître leurs moutons. 

Aujourd'hui réserve protégée, la pointe est devenue un grand classique de randonnées à Madère. Aussi sommes-nous arrivés suffisamment tôt sur la parking, juste avant la caravane des cars…

Malgré ces cohortes, c'est toujours un espace unique, semi-aride, assez inhospitalier avec une biodiversité exceptionnelle : sur 9 km de long et 2 de large, on y recense plus de 200 espèces de végétaux dont plusieurs sont endémiques.

Nous suivons le chemin, cela nous change des levadas (voir pages précédentes)… D'abord empierré, le sentier descend un vallon de terre rouge — le passé volcanique de l'île est omniprésent — pour remonter à travers une lande rase (matorral), vers une première éminence rocheuse — Pedras Brancas — (photos 1 & 5 ).


Au fur et à mesure que la langue de terre se rétrécit, nous découvrons les falaises colorées qui illustrent à merveille la genèse de la pointe Saint-Laurent.

Strates de couleurs ocre, rouille, grise… couches interrompues ça et la par des colonnes plus sombres : le trachyte !

Voici l'isthme (estrreito) ! Passage assez vertigineux, mais après les ravins du Chaudron Vert, pas de souci !

Près de la Casa do Sardinha, nous grignotons notre dernier pique-nique madérien ! Tout en bas, dans une crique abritée, les flots nous invite à un plongeon… mais nous devons faire demi-tour afin d'aller rendre la voiture à l'aéroport en milieu d'après-midi… Dommage !

Sur le chemin du retour, autres paysages, autres échappées… Nous prenons le temps d'essayer de reconnaître quelques plantes : le lotier (trevina) glauque à fleurs orangées, l'immortelle de Saint-Laurent aux feuilles duveteuses…

Pour notre dernière soirée madérienne, nous dînons au MaréAlta — Peixe & Mariscos à Machico. Nous avons commencé par un délicieux bolo do caco — petit pain rond et plat, tout chaud au beurre d'ail, une vraie friandise ! — dégusté un excellent pargo grillé avec ses légumes, puis mousse au chocolat et mangue savoureuses. Repas accompagné d'un vin de l'Alentejo dans un cadre très agréable, en front de mer…

Vous l'avez deviné : nous avons adoré Madère… en décembre, et ce n'est pas la saison la plus fleurie ! Reviendrons-nous au printemps ? Pourquoi pas ?

mardi 19 janvier 2016

Au-delà des montagnes


Fresque contemporaine sur trois décennies

Quel cinéaste est assez fou pour vouloir, et pouvoir, montrer un changement de civilisation dans son pays — et au-delà —, sur un quart de siècle ? Jia Zhang-ke, le plus grand réalisateur chinois en activité y parvient.

Son sujet, il l'a trouvé devant chez lui : la Chine, cet empire en pleine mutation qui s'est éveillée, jusqu'à devenir la première puissance mondiale. Mais à quel prix…

C'est le propos de toute son œuvre (mais il n'a que 45 ans), presque plus humaniste que politique : l'humain pris dans des transformations économiques, géographiques, urbanistiques, des transformations si brutales qu'on se demande comment cet homme — si petit par rapport aux rivières qu'on détruit ou qu'on détourne, par rapport aux grandes villes et aux barrages qu'on construit, si fragile — fait pour continuer à vivre.

Au-delà des montagnes, trois parties, trois époques (1999, 2014, 2025) : avec sa fougue romanesque, Jia Zhang-ke met en scène une glaciation progressive des rapports humains, une « éclipse » des sentiments, sur fond de matérialisme, de technologie et de migration sans fin…

Extraits de Les Inrock (18 décembre 2015)
et de Télérama (23 décembre 2015)

mercredi 13 janvier 2016

Carré d'As aux cieux…



Nous sommes éphémères
Il nous demeure l'instant
Débris de la lumière
Que les mots ressuscitent
Toute la vie afflue
Vers un présent offert :
Geste in-vu d'un cyprès,
Chant in-ouï d'un loriot…

Toute la vie perdue
Parmi les astres muets
Depuis longtemps éteints
Hors des années-lumière,
Que sauve un seul regard
Né d'appels persistants,
Où larme rejoint rosée,
Où cendre et miel font un.

François Cheng
La vraie gloire est ici

***

lundi 11 janvier 2016

Madère (4) : des Vingt-Cinq Sources au Chaudron vert


Les Vingt-Cinq Sources

Partir du parking de Ravaçal à 1064 m d'altitude sur le haut plateau, à l'ouest du Paùl da Serra


Venir ici afin de se faire une idée de la forêt primaire de Madère, la laurisylve : forêt subtropicale humide que l'on retrouve sur les îles de la Macaronésie (Açores, Madère et les îles Canaries).


C'est un univers moussu, saturé d'humidité qui recouvre les ravins et les pentes de l'ouest madérien.


Au départ de la Maison forestière de Rabaçal, des vues superbes entre fougères

et bruyères, sur la Ribeira do Alecrim, la rivière du romarin…

Nous voici en pleine laurissilva, relique vivante de la forêt primaire qui grouille de plantes assez phénoménales, comme l'arbre à muguet ou le laiteron en arbre. Les lichens, très réactifs à la pollution, sont de vrais bio-indicateurs : leur présence sur les branches témoigne de l'exceptionnelle qualité de l'air ambiant.


Longer la levada das Vinte e Cinto Fontes : le canal aux vingt-cinq sources jusqu'au cirque de basalte, tapissé de fougères, où ruisselle l'eau de vingt-cinq-sources (photo 2).


Aux portes d'un autre monde

Ce matin-là, nous suivons à contre-courant l'étroit canal qui achemine depuis le XIIIe siècle l'eau du Chaudron vert (Caldeirão Verde) vers les terres de Santana (notre base) et de Faial.


Là, nous sommes aux portes d'un autre monde. Une jungle immaculée, fascinante, à la limite du réel. Où le vert est aussi entêtant que le silence. Où toutes les plantes poussent sans frein : joubarbes et laiterons, lauriers de Madère et bien sûr fougères arborescentes.    


Le sentier est parfois encombré de racines, se fait de plus en plus étroit, mais les passages délicats ont été sécurisés : il ne faut pas avoir le vertige ! Le rideau végétal ménage ça et là quelques fenêtres sur le paysage : ainsi du Lombo dos Cedros, le regard embrasse l'océan et toute la vallée qui sépare Santana à l'est de São Jorge à l'ouest.

Prudence encore au passage étroit du Corrego Queimadas, la levada franchit par un pont une vallée humide, émaillée d'euphorbes (figueira-do-inferno) et de géraniums (pãssaras).

Après une cascade suit une série de quatre tunnels (nous sortons nos lampes), un court, un long, un autre percé de baies et à la sortie du quatrième un spectacle grandiose : vue plongeante sur les gorges de la Ribeira Grande

Nous nous faufilons à travers les fougères jusqu'à un cirque aux parois abruptes : le fameux Caldeirão Verde et sa cascade de plus de 150 m ! Et nous commençons le retour…


Tout au long de cette randonnée, nous avons été en admiration devant les murs de végétation (photo 3). Nous y reviendrons dans un prochain article.

vendredi 8 janvier 2016

Chanter la beauté du monde


La beauté est une manière de résister au monde,

de tenir devant lui et d’opposer à sa fureur une patience active.

Christian Bobin
Autoportrait au radiateur

mercredi 6 janvier 2016

Épiphanie aux Sables d'O…


Ce premier dimanche de la nouvelle année
rendez-vous aux Sables d'Olonne en Vendée
Patricia et Olivier, plus que jamais Mahorais
ont invité à un banquet joyeux et coloré
ceux qui ont quitté le confetti hippocampe…

Marie-Yolane, Marie & Francis aujourd'hui
réfugiés dans la douceur angevine
et les deux feux-follets de Saintonge…
Nous saluons la Tribu installée en Isère…

brrrrrrrr… mais l'amitié réchauffe… 

vendredi 1 janvier 2016

Nouvel An…


Nos vœux de joie et d’amour…



Au loin mille papillons
Déchirent l’horizon.
Nous restons immobiles,
Pour être enfin, d’ici,
La sève, l’élan, le chant…
François Cheng
Quand les âmes se font chant