mercredi 29 mars 2017

Clairan (3) : la petite sorcière


Points de chute

Voyons, se dit la sorcière
En descendant vers la terre,

Si j'atterris sur un clocher,

Je vais me piquer les pieds.

Si j'atterris dans un trou,

Je vais me casser le cou.

Si j'atterris dans la rivière,

Je vais mouiller mon derrière.

Je crois, se dit la sorcière,

Qu'il vaut mieux rester en l'air !

Corinne Albaut 

lundi 20 mars 2017

Lecture musicale : AFRIQUE(S)


À travers temps et fleuve…

Envol…


Le voyage… le printemps revenu…
La terre se sent pousser des ailes
L’hirondelle course son fil au creux de l’azur, son fil au désir dédié
Moi qui ai oublié ses visites…
Jadis jeune tel un animal tourneboulé par ses hormones capricantes

Ô vent ô air
Purifiez-moi de toute tendresse envers le passé et les mansardes
Je n’aime pas la poussière, j’en viens…
Recommandez-moi à l’azur, et je dirai son poème, sur la soie, sur l’estime
Dont le parfum révèle au siècle son tribut d’apesanteur…

Dites mon bonheur à l’oiseau
Dites-le-lui par une fugue
Longue belle zéphyrienne…
Nimrod
Écoute plus souvent 
Les Choses que les Êtres 
La Voix du Feu s’entend, 
Entends la Voix de l’Eau. 
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots : 
C’est le Souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts
ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case,
ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.

Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
Birago Diop
Ma parole prend corps, lovée
sur une barque au coin de la lune…
Sur les berges du Chari…

L’hippopotame, les Grecs l’appelaient cheval du fleuve. 
Quand j’étais môme, les vaches, leurs sœurs lointaines, traversaient, craintives, le Chari.
Mon jeune regard mesurait la soie de leur robe au débit du fleuve.
De bord à bord, j’étais dépassé. L’infini nageait à leur encolure.
Quel mot plus doux que celui-là, qui exporte son âme dans ce corps à la dérive ?
Nageuses pleines d’angoisse, profileuses des courants qui accusent déjà le lac Tchad, elles flottent, stupéfaites.
Elles ont inventé un bac plus que probatoire.
Là, c’est un pélican très pur très blanc au fil de l’eau plutôt grise
Il est si obstiné l’espoir le petit chose à mes petits yeux  qui convertissent l’océan de roseaux la plaine et l’horizon à la pointe de la presqu’île de Ngoumna…
C'est la traversée des apparences…

Le chant des rameurs

Un soir j'ai demandé
aux jacassants Corbeaux
Où allait l'âpre Chant,
le doux Chant des Bozos ;
Ils m'ont dit
que le Vent messager infidèle
Le déposait tout près
dans les rides de l'Eau,
Mais que l'Eau
désirant demeurer toujours belle
Efface à chaque instant
les replis de sa peau.

Un soir j'ai demandé
aux complaisants Roseaux
Où allait l'âpre Chant,
le doux Chant des Bozos.
Ils m'ont dit
que le Vent messager infidèle
Le confiait là-haut à un petit Oiseau ;
Mais que l'Oiseau fuyant
dans un furtif coup d'ailes
L'oubliait quelquefois
dans le ciel indigo.

Et depuis je comprends
Écoutant la Clameur
D'où venait l'âpre Chant
Le doux chant des Rameurs…

Birago Diop
Kia
Disent Kia les Samo pour sonner l’hallali, disait Kia Ki-Zerbo pour convier à la lutte. Kia les bêtes sont là ! Kia les eaux débordent ! Kia kia kia ! Kia kia kia ! Mot d’appel, mot d’entrain. Kia kia kia ! Sus aux nuits ! Sifflent les ophidiens suceurs de nos ardeurs, feulent les félidés ruineurs de nos ressources. Glapissent les rapaces causeurs de nos soucis, grognent les pachydermes broyeurs de nos espoirs. Beuglent les bovidés harasseurs de nos crans, braillent les batraciens entacheurs de nos rires. Hurlent les canidés égorgeurs de nos joies, ricanent les charognards abîmeurs de nos paix. Kia les bêtes sont là ! Kia les eaux débordent ! Kia kia kia ! Kia kia kia ! Mot de feu, mot de pierre. Kia Kia Kia ! Sus aux peurs ! Disons Kia pour briser les chaînes de nos misères, disons Kia pour aller à l’assaut de nos rêves.
Kouam Tawa

lundi 13 mars 2017

Printemps des poètes 2017


Comment dire Afrique ?

Je n’écrirai ni le mot noir,
ni le mot soleil,
ni le mot désert.
Comment dire Afrique, le large delta
de tes doigts qui irrigue ma main,
       les signes originels tracés à l’heure où s’épanouit une lune en berceau,
              le fleuve de ton sang qui coule
de tes viscères jusqu’à ma bouche ?
Tes légendes volent de grain de sable
en grain de sable
et les Dieux partagent ta vie quotidienne.
En toi, je cherche ma mémoire du mystère.
Tes morts sont les miens,
ils dansent dans la sève des arbres,
dans la course de la gazelle en fuite,
dans la glaise pétrie par les grandes pluies.
Comment dire tes rides d’expression,
les cicatrices de ton corps,
la sueur qui creuse tes reins rouges ?
Moi « rose d’oreilles »,
comment pourrais-je dire ?

                                         Chantal Dupuy-Dunier

dimanche 12 mars 2017

Clairan (2) : copain des bois

Sur le chemin de la forêt…

Il a jailli comme une étincelle devant la vieille bâtisse : vite, vite, mon livre ! Il me le faut tout de suite ! Et Philémon est reparti encore plus vite en direction de la forêt, avec Copain des bois sous le bras…

Il arrive parfois que le mystère soit tout proche… Ce jour-là, le jeune garçon a retrouvé le geste ancestral de la construction du foyer…

Tous les éléments sont favorables : un chemin de terre, quelques cailloux sur le bas-côté, des brindilles sèches, du bois mort à proximité… Une MamyLou bienveillante…

Le foyer est prêt mais il est déjà tard ce soir là et le trio n'a pas de quoi faire jaillir la flamme…

Le lendemain matin, c'est au complet que la troupe retourne sur le chemin de la forêt munie d'allumettes et de briquet…

Le foyer est intact et prêt pour la mise à feu ! Attention nous signale Philémon, vérifions si toutes les conditions précisées dans le précieux Copain des bois, Le Guide des petits trappeurs sont remplies : vent nul, espace découvert, eau à disposition…
C'est bon ! L'allumette craque et le petit trappeur glisse la flamme sous la minuscule feuille de papier glissée sous les herbes sèches… Le feu a pris, Philémon est ravi de la réussite de son entreprise…

Déjà, il nous faut nourrir le feu de plus en plus gourmand… Abigail participe avec enthousiasme à la cueillette de branches de plus en plus importantes, le feu crépite, devient magnifique…

C'est alors qu'une silhouette inconnue avance dans notre direction. La troupe perplexe s'interroge : un habitant du hameau, en tenue de travail, il pousse une brouette pleine de paille…
Que va-t-il penser de notre hardiesse ? Un beau sourire apparaît sous la vieille casquette bleue… Je vais retrouver mes chevaux, ils sont dans un pâturage au bout du chemin… Voulez-vous m'accompagnez ? 

Mais il n'est pas question d'abandonner le feu en état ! Philémon conduit les opérations recommandées par Copain des… Un peu d'eau… Disperser les cendres froides… Reposer les grosses pierres dans le fossé…

Et nous voici en compagnie de Ortéga et Beluga (étincelle en occitan !), les deux chevaux sauvages (des camarguais) de Serge que nous reverrons…

mercredi 1 mars 2017

Clairan (1) : installation…


À l'Ostal del Grand

Partir de Saintonge

en direction de l'Aveyron
faire étape avant Rodez,
à la Source-du-Vallon
chez Caroline & Fabrice
— accueil délicieux —
http://www.la-source-du-vallon.com/
à Salles-la-Source, aux portes
du vignoble de Marcillac,
vins AOC à découvrir !
http://www.vigneronsduvallon.com/fr/

Poursuivre vers le Larzac,

en direction du Vigan,
et arriver à Clairan
à l'Ostal del Grand,
où Béatrice nous accueille
avec chaleur, pour un séjour
d'une dizaine de jours…
http://www.gite-gard-clairan.com/

Installation

À l'arrivée de LoLa et MaRie,
deux visiteuses niçoises,
l'air est plus que printanier…

Violettes, pâquerettes, jonquilles, amandiers…

sont en fleurs…
et le fond de l'air
des plus agréables…

Et l'atmosphère
a des allures estivales
pour accueillir les lutins lyonnais : Virginie, Jean-Lou et Abigail, Philémon qui après une semaine à la montagne à dévaler les pentes enneigées vont vivre une deuxième semaine de vacances à la campagne…
Couchant sur Clairan

Tel un voyageur
venu de la ville

assez loin du bocage et
des côtes de Saintonge

je m'assieds un instant
sur le bois sec du banc

dos à la maison
de l'Ostal del Grand

charmé de voir le ciel
se dorer au couchant

par dessus les toits
du hameau de Clairan

prêt à écouter le silence
de la nuit à venir…
Jean-Paul C.