lundi 24 mars 2014

Le Printemps des poètes au Pavillon de la Gare


Ce soir là…

… Laure, Jane, Marguerite, Sylvette, Dany, Raoul, Rémi nous ont rejoints au Pavillon de la Gare afin de partager des textes choisis autour d'un joyeux buffet, agrémentés de quelques notes de harpe, clarinette, oudou…


ça bavarde les choses
faut pas croire
faut écouter leur mutisme bavard
se taire
pas parler dessus
non seulement se taire et les écouter
ça s'agite dans le souterrain des fossoyeurs
ça cause partout
c'est secret bien sûr
ça parle une langue qu'on ne comprend pas
qu'on ne comprend plus
mais on saisit des bribes parfois
quand on se tait
ça rentre pas par les oreilles de la tête
ça rentre par ailleurs
par le corps
par les pieds
par les doigts
faut se taire et écouter ce murmure
ça parle doucement
comme avec un mouchoir dans la bouche
ou un chiffon sur les lèvres
ça crie pas
ça murmure
mais ça s'entend dans le silence
il faut attendre
attendre parfois longtemps
guetter
ne rien faire
se rendre disponible
scruter
s'enfouir dans ce tout
redevenir une partie de ce tout
de silence
alors on entend le murmure mystérieux des choses que le bruit barbare recouvrait
alors tout redevient harmonieux
les statues marchent
la nature bavarde
les masques sourient
et le secret apparaît dans son évidence même
à celui qui s'offre
à l'accueillir dans l'atelier du regard silencieux
le tissu du monde recousu
ressuscite et délivre sa parole fossoyée
Francis Ricard

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